Apple AirTag : Quand des millions d’iPhone vous aident à trouver vos objets perdus.

Taper une balise sur nos objets usuels afin de les retrouver, c’est ce que propose ces “Trackers”, mais encore faut-il que la technologie suive.  Portefeuille, trousseau de clés, belle-mère acariâtre perdue dans le bois de la Cambre, bouteille de Chimay Bleue de 2002 offertes par l’Oncle Edouard la veille de son décès, hamster amorphe planqué sous le divan qui compte bien bouffer toutes les plinthes sont autant de petites choses de la vie qu’on aimerait, en un claquement de doigt, récupérer illico presto. Après un tassement de la concurrence et la sortie de l’équivalent chez Samsung, voici donc qu’Apple met le pied dans la porte avec ses AirTags.

La vérité sur les trackers

Cinq ans. Cinq ans que je teste des trackers en tout genre et cinq ans que j’explique à mon entourage que, bien évidemment, ces trackers vendus 10€ par paquet de douze sur Amazon ne sont que de bêtes émetteurs Bluetooth qui papotent tranquillement avec un smartphone afin de, par exemple, émettre un bruit strident si l’objet auquel il est accroché se barre (genre une paire de ski du temps où les remontées mécaniques fonctionnaient encore) ou, à l’inverse, demander au tracker de beugler 90 décibels afin de savoir où il se trouve dans la pièce.

Le souci est que le Bluetooth propose une portée de 15 mètres à tout casser. Si vous oubliez votre portefeuille chez votre pote liégeois et que vous venez de vous en apercevoir à Mons, tout en contemplant les dernières avancées de la construction du mausolée d’Elio (Merci Marm0te), vous aurez beau demander au tracker de sonner, il ne se passera rien et vous irez vous coucher avec une bonne dose de stress. Bref, ces trackers purement Bluetooth sont aussi utiles que deux armoires remplies de Tupperware sans couvercles.

L’AirTag, c’est quoi ?

Vendu 35€, cette pastille de la taille d’un très gros Dafalgan, se glisse facilement dans votre sac de sport ou dans le sac de votre femme. Ah, non, pour votre chérie, il va falloir en acheter une demi-brouette afin de sécuriser la totalité de ses gibecières et autres sacoches évoluant au gré des saisons. Une fois le sac égaré, il vous suffira de lancer l’App “Localiser” déjà installée sur tous les iPhone, de sélectionner l’objet perdu contenant l’AirTag afin que l’App vous indique la direction vers laquelle cheminer pour le trouver ou, a contrario, demander que la balise sonne afin de le retrouver plus facilement. Bon, soyons sérieux, cette situation est simpliste et les limites du système seront vite atteintes si Apple n’avait pas pensé à mettre à contribution la totalité des iPhone de la planète.

Quand un inconnu vous aide à trouver vos objets perdus

Prenons un exemple concret et totalement plausible. Imaginez que vous coinciez un AirTag sous la selle de votre vélo-cargo payé 5000€ afin de circuler comme un chef sur les pistes cyclables de la capitale. Chargé de votre ribambelle de gamins à amener à l’école, assorti d’un demi quintal de légumes bio acheté sur le chemin et d’un épagneul qui tente vaguement de courir à l’arrière, la langue pendante et le poil rendu terne par la pollution, vous arrivez enfin à destination. Vous libérez les enfants que vous lâchez dans la cours de récréation (qui ressemblent du coup à votre épagneul tellement ils avaient hâte de courir comme des dératés) et vous papotez tranquillement “circuit court et bienfait du jeune intermittent” avec l’institutrice qui vous a tapé dans l’oeil. De retour pour récupérer votre encombrant tricycle, vous réalisez que celui-ci a disparu, surement emporté par un lâche individu carnivore voulant gouter aux joies de la vitesse enivrante d’un vélo-cargo. Tout le monde en rêve.

Vous dégainez votre iPhone, vous lancez l’App “Localiser” et, hop, vous arrivez à identifier sa position, tout en téléphonant à la maréchaussée bruxelloise afin qu’ils appréhendent le dangereux criminel pris sur le fait. Bon, évidemment, tout cela n’est possible qu’avec le concours des autres utilisateurs d’iPhone.

En effet, la simple demande de “localiser” l’AirTag accroché à votre selle va automatiquement demander aux autres iPhone de détecter le signal de la balise pour ensuite envoyer sa localisation sur iCloud afin de, finalement, atterrir sur votre smartphone. Ouf, quel chemin parcouru ! Elle n’est pas belle la vie ? Bon, je vois d’ici vos questions arriver à la vitesse d’un F-16 belge : “Et quoi, tous les iPhone du monde sont prévenus ?”, “Et le RGPD là dedans ?”, “Quoi, utiliser MES ressources pour aider autrui ? Jamais !”, “Ah ? On peut donc savoir à tout moment où je me trouve ?”. Actuellement, c’est un peu le brouillard au niveau du processus et du flux de transfert de données mais je compléterai l’article au fur et à mesure de mes découvertes et je vais d’ailleurs en commander quatre histoire de tester tout cela en live en imaginant des scénarios alambiqués, faites moi confiance.

Enfin, sachez que si vous trouvez un sac rempli de billets de banques accompagné d’un AirTag, il vous suffira de l’approcher de n’importe quel smartphone compatible NFC afin qu’il vous propose de visiter une page web contenant le numéro de téléphone du propriétaire afin de lui remettre le magot honnêtement gagné à la sueur de son front.

Et l’autonomie ?

Apple balance une autonomie de plus d’un an, basée sur une utilisation quotidienne “normale”, à traduire par “Quatre émissions de son et une localisation”. Rassurez-vous, l’AirTag fonctionne avec des piles très classiques sur type CR2032, vendues généralement moins de 5€ le lot de quatre. Inutile de passer par un Apple Store pour remplacer la pile, vous serez, je pense, tout à fait apte à l’effectuer avec vos petits doigts musclés.

Signalons toute de même que les AirTags sont certifiés IP67 et résistent donc à une immersion prolongée de maximum 30 minutes à un mètre de profondeur. Inutile donc de les fixer au bas de votre kayak en pleine descente de la Lesse afin de retrouver votre embarcation, cela risque de moins bien fonctionner. Comme à son habitude, Apple annonce que cette résistance au liquide risque de s’amenuiser avec le temps, tout comme les derniers iPhone en date.

Un AirTag, vendu sans accessoires

Il fallait s’en douter, Apple propose divers portes-clés afin de glisser votre AirTag à l’intérieur et ensuite l’accrocher à votre sac à dos ou à votre trousseau de clés. Sachez qu’il faudra débourser une quarantaine d’Euros pour en obtenir un et que, cerise sur la gâteau de Cupertino, il vous sera proposé un modèle Hermes à … 349€. Une paille. Bon, il ne faut pas se leurrer, les accessoiristes chinois vont s’en donner à coeur joie afin de vous proposer des modèles “Full plastique” vendu 5€ le lot de dix portes-clés en engrangeant  au passage un bénéfice de 4.90€. Par contre, Apple propose la gravure gratuite de vos petites balises afin de les identifier plus facilement via des émojis, lettres ou chiffres sélectionnés lors votre achat.

Bon, je vous laisse, Socrate a disparu et dort quelque part au jardin, je pense que le premier AirTag sera pour lui.

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Bertrand

Bertrand

Explorateur d'Internet depuis 1995 et toujours à la recherche de la prochaine terre promise connectée. Mangeur de chocolat, fan de cuisine, de rando et de Kindle.

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